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Glyphosate Une « task force » pour suivre la sortie d’ici 3 à 5 ans

Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire ; Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. © H. Parisot/GFA

À l’issue d’une réunion mobilisant les représentants du monde agricole, de l’agroalimentaire, de la distribution, et de la recherche, Stéphane Travert et Nicolas Hulot confirment les objectifs du gouvernement : sortir d’ici 3 ans du glyphosate, voire 5 ans dans les situations d’impasse.

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Pas de changement de ligne directrice pour le gouvernement : « nous devons apprendre à nous passer du glyphosate dans les 3 ans », assure Nicolas Hulot ce 22 juin 2018. Le ministre de la Transition écologique laisse cependant entendre que le gouvernement laissera une marge de manœuvre pour les situations d’impasse technique identifiées par l’Inra : « nous nous sommes donné la possibilité de trouver des solutions au plus tard d’ici 5 ans », ajoute-t-il.

Création d’un centre de ressource

Un centre de ressource sera créé d’ici la fin de l’année. Il prendra la forme d’une « banque de solutions qui va permettre de lister les méthodes alternatives, les itinéraires de référence, et l’ensemble des initiatives de terrain », explique Stéphane Travert. Pour faire connaître ces pratiques, les chambres d’agriculture, les fermes Dephy, les Civam et les coopératives seront mobilisés.

Une « task force » (groupe de travail temporaire) sera missionnée et chargée de faire un compte rendu trimestriel aux ministres et aux parlementaires sur les avancées des actions engagées pour la sortie du glyphosate. Elle sera pilotée par les deux ministères avec l’appui de l’Inra, de l’Acta, et de l’APCA. « Nous avons demandé aux participants de nous formuler des propositions concrètes d’ici à trois semaines pour donner un corps à cette task force », détaille Stéphane Travert.

Des engagements de l’agroalimentaire

Le gouvernement attend également des engagements des acteurs de l’agroalimentaire, sur l’évolution de leurs cahiers des charges pour une valorisation des efforts consentis par les agriculteurs. À la sortie de la réunion, Christiane Lambert déclarait que « les deux ministres ont dit conjointement que les coûts supplémentaires ne doivent pas être supportés par les seuls agriculteurs. Cela appelle que les industriels et les distributeurs puissent intégrer les surcoûts ou les manques à gagner. » La présidente de la FNSEA souligne aussi le climat de travail constructif.

Réaction des absents

Dans un communiqué commun, la FNSEA et les JA ont salué le 25 juin « le pragmatisme des deux ministres, qui ont réaffirmé qu’ils ne laisseraient pas les agriculteurs sans solution ». Les deux syndicats affirment que « la volonté est bien de privilégier une transition réfléchie, cadencée et accompagnée en responsabilisant les acteurs ». Pour la Coordination rurale, le bilan est moins positif : également présente à la réunion, elle a estimé que les points abordés sont « loin d’être satisfaisants », soulignant le manque de moyens mis en place pour gérer les conséquences de cette sortie. Quant au Modef, il estime qu’aujourd’hui, « les solutions de remplacement mécaniques ou thermiques ne sont pas crédibles, notamment du point de vue financier. À ce jour, les exploitations agricoles ne supporteraient pas le surcoût de ces nouvelles pratiques agricoles. Il est peu probable que cette situation évolue beaucoup d’ici trois ans, date fixée par le gouvernement pour sortir la France du glyphosate ».

Dans des communiqués, l’UIPP, Union des industries de la protection des plantes, regrette de ne pas avoir été conviée à cette réunion. « Il est incompréhensible que les acteurs de la protection des plantes, c’est-à-dire les entreprises capables de fournir des solutions aux agriculteurs, ne soient pas conviés. »

Générations futures déplore que « les associations environnementales, pourtant très impliquées sur ce dossier, n’aient pas été associées à cet échange ». La FNH salue la démarche de sortie du glyphosate et « restera vigilante sur la réalité de sa mise en œuvre ». Elle appelle à une sécurisation de l’engagement à 3 ans dans la loi.

« Des mesures d’accompagnement sont nécessaires et celles présentées ce matin vont aider à enfin passer à l’action, estime Carmen Etcheverry, chargée de mission chez FNE. Mais si la détermination sur ce sujet est aussi forte que celle qui vient d’être annoncée, alors il faut inscrire l’interdiction dans la loi pour envoyer un message clair : la sortie du glyphosate n’est plus négociable. Nous ne sommes plus dans le « si » ou dans le « quand » mais dans « comment y arriver dans les trois ans ». »

Hélène Parisot

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